dimanche 3 avril 2011

Quand le folklore remplace la tradition ou la lettre remplaçant l'esprit …


Allez ! Un peu de détente dans ce monde qui part en vrille. Après le tsunami qui, dans une effroyable destruction nous met, comme pour une dernière fois, en garde contre la folie de l'énergie nucléaire.... Parsemons l'actualité d'un peu de futilité.

Voilà donc que la mode s'installe dans un domaine que nous connaissons bien, malgré nous : le vieux, l'ancien. Que les théoriciens de ladite mode tentent de croire que s'habiller en « old style » rend beau.

Bref, la confusion encore une fois s'installe dans le monde de la photographie.

La « tendance » actuelle est un « retour » vers les anciens boitiers et surtout vers les anciens objectifs photos. On souligne leur « faaabuleeeeuse » construction, "coco !" Un touchéééééé inimitable et pas cher en plus, mon fils !

Sauf que regarder derrière ne fait pas avancer et parler du mort ne le ressuscite pas.

Car les mêmes, qui sont dans cet état de transe masturbatoire devant le viel objet de leurs désirs idolâtres, ne font toujours que s'enfoncer un peu plus dans la démarche assassine de la photographie. Un peu comme cette époque de la Renaissance qui n'a fait que singer une forme morte : l'antiquité grecque, ne faisant naître que la société de la débauche. Nos compères aux vieux objos qui sont « tops, coco ! » ne font que singer une époque révolue,  entretenant, ainsi, la société de l'image débauchée. Dans cette frénésie de la recherche de la sensation provoquée, tels des chercheurs de paradis artificiels, ils tentent désespérément de se convaincre que la substance du photographe passe en priorité par le matériel utilisé.

Ils n'ont pas encore compris que pour le photographe, l'important est de montrer le monde qu'il vit au présent, de le traduire. Avec, pour faire son travail, les outils adaptés qui existent au moment où il exerce. L'outil étant un élément dans sa démarche, outil qui peut se passer des artifices de ses propres artifices ! Pour le photographe, l'essentiel, la nature même de son acte est de traduire la lumière en image, c'est son principe de fonctionnement … L'esprit de la photographie ne change pas, sa forme oui.

S'attacher à la forme est le dernier degré de la descente vers le néant. La forme sans l'esprit qui l'anime ou la science sans conscience est VIDE. Même avec un vieux boitier et un vieil objectif ou "le top, coco !" : un boitier numérique avec un vieil objo, ça reste une parodie de la plus triste espèce. Le folklore à deux balles, genre carnaval de Venise à Sartrouville ou combats médiévaux avec montre au poignet et iphone à l'oreille, photographiés avec un D700 ET LE AIS de " folie " qui pique plus qu'un nuage radio actif dans les yeux et qu'en plus tu prends le pied à tourner la bague qui sert à rien d'habitude...ouf, j'ai fini la phrase.

Tel le folklore, disais je, tendant à nous faire oublier le présent, nous ramenant à la forme d'un passé révolu, vouloir promouvoir « l'amour des vielles optiques » sans dégager de son horizon tout ce qui encombre l'élan du photographe est une hypocrisie de plus, un non sens de geek qui s'ennuie quand il n'y a plus de nouveauté, un essai de moribond inapte à transmettre la formidable cohérence d'un Sander, l'immense force vitale d'un Riboud, la gourmandise terrienne d'un Depardon …

Alors, profitons du no man's land industriel post-nucléaires japonais  pour revenir aux bases de la photographie, faire connaissance avec son matériel, peaufiner son style qui ne demande que très peu d'artifice pour se définir, pour s'améliorer dans la prise de vue, pour renouer avec l'approche minimaliste « un boitier et 2 objos » (et le boitier de secours en cas de panne) pour un tour du monde de sa vision. Profitons en pour vider nos placards de tout ce qui encombre, preuve de notre engagement de consommateur au détriment de celui de photographe.

Argentique ou numérique, mise au point manuelle ou auto focus, on s'en fout ! Exprimons nous simplement avec les outils nécessaires, avec lesquels nous sommes à l'aise.